Allaiter, bien allaiter…
Dans un pays où l’allaitement maternel est quasi universel, il peut paraître paradoxal de battre campagne pour que bébé soit mis au sein…dans les trente minutes qui suivent sa naissance. En fait, à y regarder de près, les choses paraissent moins simples. Il ne s’agit pas seulement de laisser le nourrisson téter, mais de l’allaiter exclusivement avec le lait maternel pendant les six premiers mois de sa vie. C’est cela que préconisent désormais les professionnels de la santé en se basant sur de doctes études qui montrent, pour reprendre une belle formule, que l’allaitement maternel exclusif est «le premier vaccin de bébé». En effet, cette forme d’allaitement protège l’enfant contre de nombreuses maladies. Elle constitue également, dans certaines conditions, une forme de contraception pour la femme allaitante. Mais, ce qui est bon n’est pas automatiquement accepté. En effet, entre ce qu’on propose aux populations et la perception que celles-ci en ont, il y a quelquefois une différence. Ce qui est courant dans le domaine de la santé et de la population où, souvent, il faut avec des stratégies adaptées s’attaquer aux comportements, aux mentalités et aux croyances pour améliorer le bien-être des populations.
Dans nos pays, la maternité et la survie de l’enfant n’est pas la seule affaire des femmes enceintes ou allaitantes. Dans le cas de l’allaitement, d’autres membres de la famille, comme la grand-mère, ont souvent une influence déterminante. Leur intervention ne milite pas toujours en faveur de l’allaitement maternel exclusif. Il ne s’agit pas de renvoyer d’un revers de main leurs croyances. Ce qui serait d’ailleurs suicidaire pour les programmes de santé. La démarche, qui peut revêtir plusieurs formes, est d’investir patiemment ces poches de résistance en parlant aux unes et aux autres. Cela demande beaucoup d’argent et d’énergie.
Peu de Sénégalaises sont adeptes de l’allaitement maternel exclusif. Des programmes travaillent à les y intéresser davantage. De bons résultats sont obtenus dans certaines régions. Les autres régions devraient en profiter. Ancrer l’allaitement maternel exclusif dans les traditions sénégalaises est possible. Au moins trois conditions sont nécessaires, comme le suggère un expert. Il faut d’abord améliorer le système de santé, travailler ensuite avec les communautés et, enfin, utiliser tous les canaux de diffusion qu’offrent les mass média.
Il y a assurément du chemin à faire…
Sujet: Difficulté à bien allaiter au sénégal... 
Ven 18 Fév 2005, 15:53