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 Halte aux psy réacs!! par Caroline Eliacheff

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balqis
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MessageSujet: Halte aux psy réacs!! par Caroline Eliacheff   Halte aux psy réacs!! par Caroline Eliacheff Icon_minitimeJeu 02 Déc 2004, 16:17

Polémique ==> Nouvel Observateur

Halte aux psys réacs ! Caroline Eliacheff

==>Edwige Antier, Aldo Naouri, Marcel Rufo… Dans l’entretien qu’elle nous a accordé, la psychanalyste Caroline Eliacheff étrille ces pédiatres qui «savent très bien traiter des cas individuels» mais sont «beaucoup moins convaincants» quand ils veulent traiter la société tout entière

Le Nouvel Observateur. – A vous lire, on a l’impression que la famille ne se porte pas trop mal. Avez-vous décidé de ne pas nous inquiéter? Vous seriez bien la seule: il n’est pas de mois sans qu’un psy ou pédiatre ne sonne le tocsin pour nous alerter sur un dysfonctionnement familial. Alors de quoi souffrons-nous?
Caroline Eliacheff. – D’un excès de prescriptions contradictoires. Prenons les jeunes mères. Si elles écoutent la pédiatre Edwige Antier, elles devraient allaiter leurs enfants jusqu’à 18 mois et rester à la maison au moins jusqu’à ce qu’ils entrent à l’école primaire! Cela aurait pour effet de préserver les enfants de tout ce qui fait peur aux parents aujourd’hui, de l’obésité à la drogue... A l’autre extrême, Aldo Naouri, pédiatre lui aussi, dénonce la toute-puissance des mères. Aux pères d’agir, à elles de ne pas oublier qu’elles sont des femmes. Comment? Baisez! ordonne-t-il. Et là encore cela devrait préserver les enfants de tout ce qui fait peur à leurs parents, de la tyrannie à la désocialisation. Ces deux discours, en apparence opposés, sont en fait identiques: ils lancent aux femmes des injonctions comme si elles étaient toutes les mêmes. Elles devraient obéir aux ordres édictés par des pédiatres qui se réfèrent constamment à la psychanalyse pour s’autoriser à dire: nous savons ce qui est bon pour vous. Pourquoi traiter les femmes comme on n’ose plus traiter les enfants?

N. O. – Des réacs, ces pédiatres?
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C. Eliacheff. – On le leur reproche, mais ils sont écoutés car il est toujours rassurant de revenir à ce qu’on a connu. Moi, je considère qu’il est abusif de généraliser à la France entière ce qu’on voit dans son cabinet, même si l’on reçoit beaucoup de patients depuis longtemps. Les pédiatres et les pédopsychiatres savent très bien traiter des cas individuels. Mais quand ils veulent traiter toute la société et nous assènent qu’ils prétendent savoir comment y parvenir, ils sont beaucoup moins convaincants. Il est facile de dénoncer ce qui ne fonctionne pas, mais très difficile de réaliser les changements positifs qui sont survenus dans la vie familiale depuis trente ans. Quand Aldo Naouri émet l’idée géniale de simplement nourrir les bébés à heures fixes, pour tout à la fois stopper l’anarchie supposée de l’éducation des enfants, faire barrage à l’insupportable toute-puissance des mères mais aussi restaurer l’ordre patriarcal (pas moins!), faut-il en rire ou en pleurer? Et pour en arriver là, il a dû convoquer l’anthropologie, l’histoire, la psychanalyse, les découvertes scientifiques... Cette conclusion l’amène en fait à envisager l’avenir à reculons: sur le fond, parce qu’il s’agit de revenir cinquante ans en arrière sans tenir compte ni de la psychanalyse, ni surtout des découvertes sur la sensorialité des bébés et des fœtus. Et sur la forme, parce que Aldo Naouri prétend savoir ce qui est bon pour les hommes, les femmes et les enfants. Serait-il possible d’informer les couples sans leur faire d’ordonnance collective?

N. O. – Aldo Naouri n’est pas le seul à évoquer la difficulté pour les pères et les mères d’avoir une bonne place dans la famille. Voilà trente ans que des psys tempérés, presque tous des hommes au demeurant, insistent sur l’absence du père… Pourquoi tant d’obstination?
C. Eliacheff. – Si la paternité est fragilisée, les hommes ne sont pas tous fragiles! Il y a quelques décennies, on ne voyait jamais les pères en consultation, mais leur autorité était incontestable. Maintenant, les pères n’ont jamais été aussi présents dans nos consultations, conscients des problèmes de leurs enfants dès leur plus jeune âge, et prêts à accepter l’aide que nous leur proposons. Certains pères – et cela me paraît récent – ne viennent plus par l’intermédiaire de la mère mais directement dès le premier entretien, ou seuls avec l’enfant. On n’a pas encore pris la mesure de ce que signifie l’égalité entre hommes et femmes dans le couple. Elle existe en droit depuis peu, mais elle est en gestation, parfois de façon chaotique, dans la vie de tous les jours. Les hommes et les femmes inventent des modalités pour vivre ensemble. Envers et contre toutes les prescriptions.

N. O. – Par exemple?
C. Eliacheff. – L’union libre, les familles recomposées, les familles monoparentales, les couples pacsés composent un puzzle dans lequel s’inscrivent les familles d’aujourd’hui selon leur bon vouloir. A l’intérieur des couples, les relations se sont transformées. Un seul exemple concernant les enfants: quand les pères se sont mis à s’en occuper dès la naissance, les professionnels ont poussé de grands cris. Les enfants n’allaient-ils pas confondre père et mère, homme et femme? Les couples homosexuels élèvent des enfants en bousculant bien d’autres certitudes. Hommes et femmes cherchent des solutions pour vivre ensemble de toutes les manières possibles. Selon certains psys, nous irions vers l’apocalypse. Je préfère m’interroger et me laisser surprendre. Par exemple, les professionnels affirment que les pères n’ont accès aux enfants qu’à travers la mère (et réciproquement), que la place du père est d’abord dans la tête de la mère. Et moi, je vois de plus en plus d’hommes et de femmes qui tentent d’avoir des relations «à deux» avec leur enfant, tout en ayant une authentique relation «à deux» entre eux.

N. O. – Avons-nous pris la mesure de ce que les hommes vivent depuis trente ans? Les femmes accèdent massivement à une liberté qu’eux seuls détenaient. Elles peuvent quasiment se passer d’eux pour vivre. Mais ces derniers ne se sont guère exprimés sur ce qu’ils vivaient en contrepartie.
C. Eliacheff. – «Elle a fait un bébé toute seule», chantait Goldman. Même si c’était possible, je n’ai pas l’impression que ce soit ce que les femmes souhaiteraient, ni même ce vers quoi elles tendent aujourd’hui. Celles que je rencontre professionnellement ou que je vois autour de moi ont plutôt envie de vivre à deux, pour un jour ou pour toujours et de donner un père à leurs enfants. Elles n’y arrivent pas toujours... Que les hommes en aient pris un coup, oui, mais ils n’ont pas tout perdu pour autant. Ne plus avoir une compagne qui dépend de vous est un énorme changement. La vie à deux se réaménage progressivement pour eux, avec des partenaires désormais éduquées, qui ont du répondant. Si j’étais un homme, je serais content d’avoir quelqu’un avec qui partager soucis et plaisirs. Nous sommes dans un pays doux où les hommes et les femmes n’ont pas envie de se faire la guerre dans leur vie privée.

N. O. – Et pourtant la guerre des sexes n’a jamais semblé si proche, avec des choses inimaginables il y a trente ans, comme la garde alternée, l’allègement des indemnités en cas de divorce, la prise en compte des enfants dans le calcul de la retraite, le congé de paternité. Même le partage du nom est en débat…
C. Eliacheff. – L’égalité des droits vaut autant pour les hommes que pour les femmes, et cette prise de conscience est parfois douloureuse. On le voit pour la garde alternée, qui est une conquête des hommes. Pendant des années, les femmes se sont plaintes du désintérêt des hommes pour leurs enfants après un divorce. Aujourd’hui, certaines souffrent du trop d’intérêt de ces mêmes pères... La garde alternée remet en question beaucoup d’idées reçues concernant l’importance respective du père et de la mère aux différents âges de la vie. Elle sera peut-être revue en fonction des découvertes concernant les bébés. C’est passionnant!

N. O. – Un père et une mère peuvent-ils encore échanger leurs rôles? Le papa poule n’a plus la cote aujourd’hui. Le docteur Marcel Rufo a récemment écrit que papa ne devait pas tout faire comme maman…
C. Eliacheff. – L’idéal du partage équitable des tâches est un modèle qui ne progresse pas beaucoup. Les femmes y sont pour quelque chose. Quoi qu’elles en disent, elles supportent mal de perdre du pouvoir domestique. Un homme et une femme qui vont faire les courses au supermarché avec la même liste ne reviennent pas avec les mêmes choses. Les enfants ne s’y trompent pas, ils ont une maman qui fait comme ça et un papa qui fait autrement. Quand un homme s’occupe de son nourrisson, il le fait autrement que la mère, il ne perd pas sa virilité et ne se transforme pas en femme pour autant: il ne fait qu’occuper momentanément et à sa façon une fonction traditionnellement dévolue aux femmes. Dans les couples fragilisés par une enfance traumatique, l’entraide réciproque peut être remarquable: ni la mère seule ni le père seul n’arriveraient à supporter l’enfant. Ensemble ils y arrivent. Une fois de plus, heureusement que les pères n’ont pas attendu les psys pour être proches de leurs bébés s’ils en avaient envie. Après un divorce, les pères qui se sont occupés de leurs enfants gardent un lien plus étroit avec eux. Peut-être que les papas n’ont pas besoin de croire tout ce que Marcel Rufo leur dit... Quand c’est la femme qui n’a pas envie de s’occuper de son bébé, le regard n’est plus le même... On a vite fait de la considérer comme anormale. Or il existe des femmes qui ne savent pas y faire avec les bébés mais se débrouillent très bien plus tard.

N. O. – Pourquoi des professionnels de l’éducation s’inquiètent-ils autant de l’augmentation des troubles chez les enfants?
C. Eliacheff. – Dire que les enfants vont aujourd’hui plus mal qu’hier sans preuves à l’appui est une position idéologique contestable. Les pathologies changent, pour les adultes comme pour les enfants. La société aussi, et il n’est pas toujours aisé de faire une relation de cause à effet. Le regard que les parents et l’école portent sur les enfants n’est plus le même. Les enfants sont sous microscope et les familles sous surveillance. Le dépistage précoce et la prévention sont très développés en pédiatrie et en pédopsychiatrie. La découverte de l’ampleur de la maltraitance dans tous les milieux sociaux a accentué la surveillance du comportement des enfants. Leurs troubles sont alors révélateurs de la déviance des parents. Mais la détection systématique a aussi ses revers: les enfants doivent répondre à certaines normes. Par exemple, la passivité, la tendance à s’isoler, l’introversion n’ont pas bonne presse. A nous parfois de soutenir les enfants pour ce qu’ils sont et non pour ce que l’on voudrait qu’ils soient.

N. O. – Quelles sont les difficultés les plus courantes des parents en matière d’éducation?
C. Eliacheff. – Etre débordés par les enfants et ne pas arriver à mettre des limites. Je vois arriver des parents dépassés par des enfants de 3 ans qui font aussi disjoncter la maîtresse. En parlant avec les parents, on se rend compte qu’ils finissent par être très autoritaires et tabassent leurs enfants quand ils sont exaspérés. La plupart des parents savent très bien qu’il faut mettre des limites si possible calmement. Certains ne peuvent pas supporter le mécontentement de l’enfant, qu’ils ressentent comme un désamour. Nous voyons aussi davantage de parents qui consultent de plus en plus tôt pour des troubles du comportement alimentaire. La hantise de l’obésité commence maintenant dès les premiers mois de la vie. Ce serait le comble d’en déduire que les enfants mangent plus mal qu’avant!

N. O. – Comment aborder ce recentrage éducatif sans revenir à la loi du père? Faut-il inventer, comme le dit Cyrulnik, une autorité désexualisée?
C. Eliacheff. – Comme la plupart de mes confrères, je peux aider concrètement des parents à résoudre leurs problèmes d’autorité à l’égard de leurs enfants. Je n’ai pas à dicter les nouvelles lois qui vont régir l’autorité en famille. Ce sont les familles qui trouveront des solutions, pas les psys. Dans les groupes d’aide à la parentalité qui existent dans toute la France, les parents découvrent ensemble qu’ils ont des ressources qu’ils ne soupçonnaient pas.

N. O. – Que pensez-vous du mariage homosexuel?
C. Eliacheff. – Ce que j’en pense ne doit pas figurer dans le journal. En tant que psychanalyste et pédopsychiatre, je reçois des gens dans toutes les situations, si possible sans jugement, et je veux pouvoir continuer à le faire. C’est aux politiques de décider la forme que doit prendre l’union de deux personnes du même sexe.

N. O. – Les enfants de couples homosexuels posent-ils aujourd’hui des problèmes?
C. Eliacheff. – Ces enfants existent et je les reçois depuis fort longtemps. Les parents ont des parcours très divers et n’annoncent pas forcément leur homosexualité! Ces enfants et leurs parents ne constituent pas un groupe à part. Leurs motifs de consultation n’ont rien de spécifique, sauf parfois sur un point: quand les parents veulent faire la preuve qu’ils sont capables d’élever des enfants, ils attachent alors une très grande importance au fait que les enfants aillent «bien» et que ce soit un psy qui le leur dise. Le plus souvent, ces enfants sont nés de la relation d’un homme et d’une femme homosexuels ou qui le sont devenus. D’autres ont des modes de filiation plus acrobatiques. L’adoption est possible puisqu’en France un célibataire a le droit d’adopter. Il n’y a pas de discrimination en fonction de l’orientation sexuelle, même si en pratique les célibataires qui vivent en couple jugent préférable de le cacher pour obtenir l’agrément. Ce qui n’est pas possible, c’est de déclarer qu’un enfant a deux pères ou deux mères. Comment nommer la compagne de la mère ou le compagnon du père? Comment définir leurs droits et devoirs ainsi que ceux des beaux-parents dans les familles recomposées? Je souhaite qu’on refonde un seul système de parenté pour tous les enfants. Moyennant quoi, la famille n’est pas près de disparaître!


==> amour Caroline Eliacheff
Pédopsychiatre et psychanalyste, elle refuse toujours d’émettre un avis sur un sujet auquel elle n’a pas réfléchi. Quand elle le fait, c’est souvent la surprise. Pour elle, «les théories et conseils sont faits pour ne pas être suivis». Dans la lignée de Françoise Dolto, qu’elle juge mal comprise et toujours d’actualité, elle a écrit un livre sur la psychanalyse avec les tout-petits, «A corps et à cris» (Odile Jacob, 1993), et avec la sociologue Nathalie Heinich, «Mères filles, une relation à trois» (Albin Michel). Elle a coécrit avec Claude Chabrol les scénarios de trois de ses films.Elle tient aussi sur France-Culture une chronique hebdomadaire, «la Famille dans tous ses états», où elle aborde à sa manière les petites choses de la vie, comme les questions de société les plus graves qui lui donnent «des coups de cœur ou des coups de sang».


Anne Fohr


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MessageSujet: Re: Halte aux psy réacs!! par Caroline Eliacheff   Halte aux psy réacs!! par Caroline Eliacheff Icon_minitimeJeu 02 Déc 2004, 16:20

J'ai trouvé cet article super interressant youhou (d'autant que j'ai lu les livres de C.Eliacheff qui sont super) je trouve que ça "désacralise" les "sacro-saints" pédo-psy ou pédiatres qui nous en mettent pleins la vue avec leur décorticage de la vie des gens et qui donnent leur avis sur tout sans forcément connaitre de quoi ils parlent beurk (comme Stéphane Clerget => pédo psy par exemple qui parle de l'allaitement!!)
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